Un chiffre brut, et tout vacille : chaque année, plus d’un million d’actifs se lancent dans une formation en France, mais rares sont ceux qui savent vraiment qui les paie pendant cette période. Entre employeurs, organismes publics et caisses privées, le financement d’une formation professionnelle relève parfois du labyrinthe administratif. Pourtant, comprendre ce qui se joue derrière la rémunération en formation, c’est reprendre la main sur son avenir professionnel. Et ce n’est jamais de trop.
Qui prend en charge votre formation ? Les grands dispositifs à connaître
Se repérer dans le financement d’une formation professionnelle demande de jongler avec plusieurs solutions, adaptées à la situation de chacun. Le compte personnel de formation (CPF) s’est imposé comme l’outil de référence pour les actifs. Il s’alimente automatiquement et permet d’accéder à des formations certifiantes, des bilans de compétences ou des démarches de VAE. Tout se gère via une plateforme dédiée, pensée pour rendre la démarche claire et rapide.
Les salariés peuvent aussi bénéficier du plan de développement des compétences proposé par leur entreprise : des parcours individuels ou collectifs sont alors mis sur la table. Dans certains cas, l’opérateur de compétences (OPCO) de la branche professionnelle intervient pour financer tout ou partie du projet, selon les règles en vigueur dans le secteur.
Les personnes inscrites à France travail, elles, peuvent s’appuyer sur plusieurs leviers. L’action de formation conventionnée, l’aide individuelle à la formation ou d’autres aides spécifiques sont mobilisables en fonction du projet. Les régions, de leur côté, investissent dans la reconversion, l’apprentissage ou la formation pour des métiers sous tension, grâce à des dispositifs souvent ciblés.
Pour les indépendants, professions libérales ou artisans, le financement s’organise via le fonds d’assurance formation (FAF) dédié à leur secteur. Chaque activité dispose de son fonds, qui peut couvrir tout ou partie des coûts, selon le dossier présenté. Cette diversité de dispositifs permet à chacun de trouver une solution qui colle à son parcours, que ce soit en entreprise, en reconversion ou en travaillant pour soi.
Peut-on toucher un revenu pendant sa formation ? Ce qu’il faut savoir
Décrocher le maintien d’un revenu durant une formation ne va jamais de soi. Tout dépend de son statut professionnel et du dispositif mobilisé. Pour beaucoup, la question du « qui paie quoi » s’impose bien avant l’inscription.
Pour les demandeurs d’emploi suivis par France travail, plusieurs options existent. Si vous percevez déjà l’allocation retour à l’emploi (ARE), elle peut continuer à être versée pendant la durée de la formation, à condition d’obtenir l’accord de votre conseiller. Il vous faudra fournir un justificatif d’entrée et d’assiduité. Lorsque les droits ARE prennent fin, la rémunération de fin de formation (RFF) peut prendre le relais, sous réserve de remplir les critères définis. Pour ceux qui ne touchent plus l’ARE, la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle peut être sollicitée, le montant étant calculé selon le parcours professionnel antérieur.
Pour les salariés, tout se joue sur l’accord préalable de l’employeur et le dispositif utilisé. Si la formation est validée dans le cadre du plan de développement des compétences ou du projet de transition professionnelle, le salaire est généralement maintenu sur le temps de travail. En revanche, hors temps de travail, rien n’est garanti : cela peut signifier un congé non rémunéré ou une baisse de salaire temporaire.
Pour vous repérer, voici les cas les plus couramment rencontrés :
- Demandeur d’emploi : maintien de l’ARE, possibilité de basculer sur la RFF, ou autres aides selon la région et le parcours suivi.
- Salarié : salaire maintenu si la formation s’inscrit dans un dispositif reconnu par l’employeur ; sinon, un congé sans solde peut s’appliquer selon les choix effectués.
Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut contacter France travail, le service RH ou l’organisme financeur avant de s’engager dans la démarche. Les règles peuvent évoluer rapidement : chaque projet mérite d’être passé au crible pour assurer le financement et la protection de sa rémunération.
Le statut, clé de voûte de votre rémunération en formation
C’est votre statut qui fixe la règle du jeu. Trois profils, trois réalités distinctes : le salarié, via le plan de développement des compétences, bénéficie du maintien de son salaire. Si la formation passe par le compte personnel de formation (CPF), tout dépend du moment où elle a lieu : pendant le temps de travail, le salaire reste, hors horaires habituels, ce n’est pas automatique et cela peut signifier un congé sans solde ou une indemnité négociée à l’avance.
Le demandeur d’emploi conserve normalement son ARE pendant la formation, à condition d’avoir fait valider son projet par France travail. Une fois les droits ARE épuisés, la rémunération de fin de formation (RFF) peut prendre le relais, si la formation correspond aux critères. D’autres aides, régionales ou nationales, peuvent aussi compléter ce dispositif selon le parcours suivi.
Pour l’indépendant, la situation est plus complexe. Le fonds d’assurance formation (FAF) prend en charge les frais pédagogiques, mais ne compense généralement pas la perte de revenu liée à l’arrêt d’activité. Les dispositifs qui indemnisent l’absence de chiffre d’affaires sont rares. Il faut donc anticiper une baisse temporaire de revenus ou miser sur le bénéfice que la formation apportera par la suite.
Pour mieux comprendre, voici un récapitulatif selon le profil :
- Salarié : maintien du salaire par l’employeur ou indemnisation si le dispositif le prévoit.
- Demandeur d’emploi : indemnités versées par France travail, complétées le cas échéant par la région ou la RFF.
- Indépendant : seuls les frais de formation sont pris en charge ; aucune compensation automatique pour la perte de revenus.
Avant de s’inscrire à une formation, il vaut la peine de faire le point pour éviter de découvrir trop tard une baisse de salaire ou une absence de revenu.
Comment choisir le bon dispositif selon sa situation ?
Pour s’y retrouver, il faut cibler le dispositif de financement qui colle à son profil. Un salarié peut s’adresser au service RH ou à l’OPCO de sa branche pour explorer les formations possibles, que ce soit en interne ou dans le cadre d’un projet de transition. Les demandeurs d’emploi accompagnés par France travail bénéficient d’un suivi personnalisé pour déclencher les aides adaptées à leur parcours ou à leur retour à l’emploi.
Avant de s’engager, il est utile d’examiner le contenu de la formation, le niveau visé, et la reconnaissance officielle du diplôme ou certificat. Une formation certifiante ouvre souvent plus de portes qu’une simple remise à niveau, et donne accès à des financements spécifiques. Le CPF permet aussi de financer des bilans de compétences ou une VAE.
Voici les points à vérifier en amont pour avancer sereinement :
- La durée de la formation : assurez-vous qu’elle s’intègre à votre agenda et à vos contraintes actuelles.
- Les frais éventuels restant à votre charge, ainsi que l’existence d’aides complémentaires proposées par la région ou d’autres organismes.
- La fiabilité de l’organisme de formation : il doit figurer sur les listes de référence pour garantir la prise en charge des coûts.
Si vous souhaitez accélérer votre retour à l’emploi, une formation qualifiante peut être un vrai tremplin. Les indépendants, eux, devront se rapprocher de leur FAF pour connaître les conditions de prise en charge, tout en gardant à l’esprit que la perte de chiffre d’affaires n’est généralement pas compensée. Enfin, solliciter son conseil régional ou des acteurs spécialisés dans la formation permet parfois de bénéficier d’aides ciblées, selon le secteur ou la localisation.
Au bout du compte, choisir sa formation revient à s’élancer sur une passerelle sans filet apparent. Autant s’assurer que la sécurité financière est bien en place avant de franchir le pas.


